Portrait d'Hamada sensei
Le bureau d'Hamada sensei, au 5ème étage du centre de recherche du NIFS de Kanoya, est le bureau de quelqu'un qui est en mouvement. Après sa brillante carrière internationale de compétiteur, Hamada sensei s'est appliqué à utiliser la même approche dans sa vie professionnelle que sur les tapis de judo. Le judo est sport de travail et de contact. Le travail et le contact : il est comme cela, Hamada sensei.
Il m'a dit : "j'étais un judoka très dur". Il secoue son sujet, il le malaxe pour l'exploiter au mieux. Devant ses deux écrans d'ordinateur, il termine la rédaction d'un article. On le sent bouillonnant et passionné. Hamada sensei a découvert le secret du mouvement perpétuel.
Au milieu des articles et des revues amoncelés sur une table, j'aperçois le numéro 54 de l'esprit du judo. Goodness gracious ! Bonté divine ! Je ne l'aurai que dans 2 semaines en rentrant en France. Hamada sensei a encore un coup d'avance.
Hamada sensei veut rompre toutes les barrières entre les hommes, c'est là son grand esprit d'ouverture et c'est de là qu'il tient sa très vaste culture et connaissance du monde. A notre première rencontre, il m'a immédiatement demandé de ne faire aucun chichi avec lui. Ses meilleurs amis s'appellent Yamashita, Saito, Koga, Tamura, et il me demande lui taper sur l'épaule.
Son sens du contact, son perpétuel sourire, font qu'on le prend rarement pour un japonais à l'étranger, et je dois avouer qu'il est assez loin de l'image très stylisée que nous avons du maitre d'arts martiaux japonais en occident. Il n'a pas hésité à m'inviter à dîner chez lui en compagnie de son épouse, le deuxième jour de notre rencontre, et nous avons remis cela la semaine suivante.
Je crois qu'il a trouvé l'initiative de mon voyage un peu barjot, et il l'a appréciée. Hamada sensei respecte et encourage les gens qui osent, qui se débrouillent par eux-mêmes, comme Ruffier sensei qui a probablement dû se jeter sur lui pour cette photo lors du stage de Boulouris en 2005. Ippon !
Hamada sensei a le sens de la transmission car il sait que c'est par elle qu'il aidera les plus jeunes à devenir plus grands. Il a coaché Tamura et l'a conduite au titre olympique à Atlanta ; il a formé les judoka de la Aiko high School ; il est probablement le professeur le plus prestigieux de la NIFS de Kanoya et il continue ses visites régulières à un dojo de quartier de Kanoya où il dispense toute l'étendue de sa science du combat.
Avec son ami Yamasaki sensei, ils se rejoignent sur le besoin vital de prospérité mutuelle, Jita Kyoei, chacun avec son style. Dans le petit bureau de la Aiko high School, il y a une photo de Hamada sensei avec Saito, le grand champion. Il l'extirpe de derrière les vieux bouquins qui la masquent à moitié et rigole d'un rire franc de dérision tout en valorisant son immense ami. Hamada sensei est ainsi, simple et juste. C'est un très grand monsieur et je me pince encore d'avoir eu la chance de passer 5 jours en sa compagnie pendant ce voyage merveilleux.